
Il arrive parfois que les crises suscitent des vocations surprenantes. La crise du Covid-19 n’a pas échappé à cette tendance. Contre toute attente, de nouveaux investisseurs particuliers se sont précipités à ouvrir un compte-titres ou un PEA pour faire leurs premiers pas en Bourse. Le confinement explique en grande partie ce regain d’intérêt.
Sur le fond, il est exceptionnel par leur état d’esprit. Ces nouveaux investisseurs en herbe ont profité des ventes forcées des investisseurs institutionnels pour ramasser les bonnes affaires à des prix soldés.
Sur la forme, leurs stratégies et leurs comportements prêtent à discussion sur la durée. Au niveau stratégique, ils parient aveuglement sur les valeurs les plus populaires telles que les FAANG (Facebook, Apple, Amazon, Netflix, Google) et les entreprises qui profitent de la hype du Covid-19 au point que cela va performer indéfiniment. Au niveau comportemental, cette nouvelle génération d’investisseurs prend de haut les traders et investisseurs vétérans en prétendant qu’elle n’a plus rien à prouver et pas besoin de recevoir des leçons.
Ce qui est certain, c’est que l’engouement des investisseurs particuliers refait surface mais pas dans la même proportion au cours des années 2000. Si vous êtes novice, prenez le temps de la réflexion au lieu de partir bêtement à la chasse. Pour sortir gagnant à long terme avec sérénité, voici 4 conseils insolites pour bien démarrer en Bourse.
Conseil n°1 : Faites la différence entre investissement et spéculation
S’il y a un sujet qui fait débat en Bourse, c’est la différence entre investissement et spéculation. Des mauvaises langues diront que l’investissement est un pari à court terme qui s’est mal passé alors que la spéculation est un investissement opportuniste.
Les principales différences entre les deux concepts se situent au niveau de l’horizon d’investissement, la philosophie d’investissement, la gestion de portefeuille et la sélection des actions en fonction de leur profil de risque.
Sur le marché actions, il est tout à fait louable de choisir l’investissement ou la spéculation, voir de concilier les deux. Dans le cas de l’investissement, vous privilégiez des actions de belle qualité ayant fait leurs preuves en temps de crise et encaisser régulièrement des dividendes. Vous cherchez à conserver les titres sur la durée en profitant de la puissance des intérêts composés, puis maîtriser votre aversion au risque sans être trop préoccupé par les fluctuations quotidiennes de leurs cours.
Dans le cas de la spéculation qui sera assimilée à du trading, vous êtes à la recherche de plus-values conséquentes dans une perspective de court terme. Vous concevez à prendre des risques sur les actions les plus volatiles si possible avec un effet de levier. Vous êtes prêt à multiplier vos transactions pour augmenter rapidement votre capital. Si c’est dans cette voie que vous voulez réussir en Bourse, il est de votre intérêt d’opter pour la spéculation intelligente, c’est-à-dire de savoir prendre des risques en pesant le pour et le contre. Le tout pour saisir les meilleures espérances de gains.
Conseil n°2 : Ne vous faites pas berner par les médias financiers
Bien démarrer en Bourse implique de trouver les bonnes informations pour analyser correctement les fondamentaux d’une entreprise, savoir à quel moment du cycle où on se situe et évaluer la psychologie des marchés financiers.
S’il y a une évolution majeure des marchés financiers dont vous devez apprendre la mesure, c’est la couverture médiatique. Les médias financiers s’entêtent à vouloir vous entraîner dans une vision très court-termiste. En essayant de vous expliquer les fluctuations quotidiennes à l’aide des spécialistes, ils prétendent qu’on peut avoir une idée de la tendance. Cette culture d’analyse à chaud vous persuade qu’il n’y a pas besoin d’investir avec rigueur. Les journalistes se réjouissent des séances de hausse et des records historiques ou alors essayent de relativiser en cas de baisse. Les gérants se laissent aller en disant que vendre ou rester à l’écart du marché est interdit, parce que krach, marché baissier et effondrement sont des termes bannis de leur vocabulaire financier.
Les médias financiers ont pour but de capter l’attention des téléspectateurs en maintenant le curseur de l’adrénaline vers le haut afin que la majorité d’entre eux puissent adhérer au sentiment de marché en temps réel. L’histoire de la Bourse nous a montré qu’écouter les charmes des médias financiers pousse une meute d’investisseurs à l’erreur à tel point que la frontière entre investissement et spéculation est nébuleuse. Quand les marchés financiers sont euphoriques et la négligence du risque est palpable, c’est là où de nombreux investisseurs laissent des plumes.
Si rien ne vous empêche d’écouter ce que disent les médias financiers à propos de l’humeur des marchés, la finalité de ce second conseil est d’apprendre à développer votre indépendance d’esprit, c’est-à-dire de savoir faire votre opinion. Le tout pour que vous puissiez prendre vos décisions d’investissement avec sérénité.
Conseil n°3 : Développez votre philosophie d’investissement comme bon vous semble
Copier sur les légendes de la finance comme Warren Buffett, Peter Lynch ou Philip Fisher peut s’avérer une bonne idée pour vos débuts en Bourse. Cependant, cette manière d’investir comporte des limites. Tout d’abord, les meilleurs peuvent se tromper. Ensuite, en voulant chercher les raccourcis pour investir en Bourse, vous payez tôt ou tard les pots cassés. En fin de compte, vous apprenez la Bourse sans apprendre. Ce qui vous rend vulnérable à la moindre baisse de vos lignes de votre portefeuille.
S’inspirer des meilleurs est certes une bonne chose pour avoir quelques repères en Bourse. Mais si vous voulez construire et gérer un portefeuille rentable sur la durée, cela passe par développer votre propre philosophie d’investissement. En effet, vous devez établir des principes d’investissement qui correspondent à votre propre personnalité, votre tolérance au risque et vos objectifs. En quelque sorte, votre philosophie est le reflet de votre vision des marchés financiers et vos convictions d’investissement.
Par exemple, vous êtes un investisseur qui privilégie une approche « long terme et entreprenariale ». Vous cherchez à investir sur des actions de belle qualité à long terme à un prix raisonnable : des entreprises multinationales possédant des avantages compétitifs durables qui seront les piliers de votre portefeuille et des garde-fous en temps de crise, et des petites entreprises évoluant dans une niche à fort potentiel.
Conseil n°4 : Ne vous précipitez pas sur le PEA par ses avantages fiscaux
Beaucoup d’investisseurs particuliers privilégient le PEA (Plan d’Épargne en Actions) par son attractivité fiscale. D’une part, les dividendes sont exonérés d’impôt pendant la durée du plan. D’autre part, les plus-values le sont également si vous conservez votre PEA pendant au moins 5 ans. Cerise sur le gâteau, la loi du PACTE adoptée le 11 avril 2019 vous offre la possibilité de faire des retraits partiels après 5 ans sans entraîner la clôture de votre PEA et le blocage de vos versements.
Vous vous dites que c’est le meilleur support pour débuter en bourse en étant gagnant sur la fiscalité. Par rapport au compte-titres, il n’y a pas photo sauf que le PEA possède de sérieux inconvénients.
Premier inconvénient. Le PEA ne vous permet pas d’investir aux États-Unis qui restent de loin le meilleure du monde tant par le vaste choix sectoriel sur le marché actions et ETFs, la liquidité et la disponibilité d’informations. Vous n’êtes autorisé à investir dans les pays appartenant dans l’Espace Économique Européenne. Par exemple, vous ne pouvez pas achetez des actions suisses comme Nestlé, Novartis ou Roche Holding. Pire encore, vous serez peut-être exclu du marché actions le plus liquide en Europe, le Royaume-Uni suite au Brexit.
Deuxième inconvénient. Vous devez respecter quelques critères d’éligibilité pour garder les avantages fiscaux du PEA. Vous êtes limité au nombre de compte par foyer fiscal bien que vous pouvez cumuler PEA et PEA PME. En plus d’être limité par vos choix d’investissement au niveau géographique, vous devez respecter un plafond de dépôt : 150 000 euros pour le PEA et 225 000 euros en cumulant les deux plans.
Troisième inconvénient. La fiscalité du compte-titres est plus attractif depuis la présidence d’Emmanuel Macron avec l’application du PFU (Prélèvement Forfaitaire Obligataire) à 30 %. Si vous êtes imposé dans une tranche d’imposition à hauteur de 41 et 45 %, cumuler PEA et Compte-Titres n’est pas une si mauvaise idée. Par ailleurs, vous pouvez bénéficier des crédits d’impôts si vous percevez des dividendes en provenance d’entreprises étrangères. Enfin, si le trading vous intéresse, le compte-titres est incontestablement le meilleur support pour exploiter les produits financiers disponibles sur le marché.
Quelques conseils supplémentaires pour démarrer en Bourse
- Évitez l’esprit de compétition parce que la Bourse est un marathon sans fin.
- Diversifiez votre portefeuille à l’international pour une meilleure répartition du risque. La question du taux de change (plus particulièrement pour les actions américaines) a un impact à court terme mais diffus à long terme.
- Ne soyez pas focus systématiquement sur les frais de courtage pour choisir votre courtier en ligne. Pensez à vérifier ses a-côtés tels que le service clients joignable au téléphone, la présence d’une succursale physique, la garantie des dépôts, l’offre de produits financiers, les formations, etc.

Sovanna SEK est un investisseur de long terme passionné par la Bourse avec pour modèle, Warren Buffett. Il vous donne des conseils pratiques pour construire et gérer un portefeuille boursier rentable sur le long terme.
Sa philosophie d’investissement possède un côté pile ou face. Pile, il investit sur des actions de belle qualité à des prix raisonnables. Face, il est un défenseur de l’or pour se protéger contre l’inflation 2.0.
Hello Sovanna,
Excellent article, notamment le point 2, trop souvent ignoré… Les médias utilisent nos peurs pour vendre leur papier !
Sinon j’aurais ajouté : Conseil n°5 : Formez vous. Que ça soit avec des bouquins de référence ou un BON formateur, il faut acquérir les bases pour ne pas perdre en bourse.
Bonne soirée,
Alexandre