
Vous êtes nombreux à vouloir privilégier votre marché domestique en matière d’investissement en Bourse.
Je vous comprends. Vous êtes dans une logique de familiarité et de patriotisme parce que vous craignez que ce soit aventureux d’aller au-delà de vos frontières. Même si vous avez pensé à la répartition sectorielle et vos actions domestiques sont mondialement reconnues, votre portefeuille boursier n’est pas démuni de risques.
La vérité est que votre diversification est biaisée. Vous avez oublié les bonnes vertus de la diversification internationale.
Dans un monde globalisé et ouvert, c’est dommage que vous loupiez des opportunités d’investissement de ce genre.
Cela n’engage que moi. Mais vous devriez avoir des actions étrangères pour diversifier sainement votre portefeuille boursier.
Comme moi, vous avez peut-être emboîté le pas sur la diversification internationale. Votre premier réflexe est d’avoir un œil sur Wall Street. Votre choix est logique parce qu’il offre les meilleures conditions de marché. Des entreprises de renom y sont présentes.
En Europe, vous avez le luxe d’investir sur des places financières sans le risque de change avec l’euro. Pourquoi vous en priver.
Mais aujourd’hui, je vais vous parler d’une grande puissance qui suscite l’idéologie et le scepticisme.
Soyons clair. C’est l’ennemi n°1 des élites des pays occidentaux depuis la Seconde Guerre Mondiale. Vous l’avez bien deviné. La réponse est la Russie.
La plupart d’entre vous me diront que c’est très risqué d’y mettre un kopeck dans le plus grand pays en termes de superficie. Elle n’inspire pas confiance dans la vie des affaires.
En réalité, vous êtes victime des « fake news » de la part des médias occidentaux. De facto, vous sous-estimez le renouveau de la Russie.
Puis c’est l’occasion d’en parler en détail dans le cadre de l’événement inter-blog organisé par Alexandre Déodat de La Bourse à long terme.
Bien que je ne sois pas un pro-russe ou pro-Poutine, voici pourquoi investir en Russie peut s’avérer être un choix judicieux pour fructifiez votre portefeuille boursier.
Une économie russe qui se diversifie
Vous avez le souvenir d’une Russie, victime des sanctions économiques de l’Union Européenne, suite à la crise ukrainienne à partir de mars 2014.
Oui. Elle était en récession en 2015 et 2016. Mais le peuple russe sait comment surmonter les crises. Puis il n’y a pas eu d’explosion sociale.
Contrairement aux idées reçues, l’embargo européen à son encontre a eu le mérite d’accélérer la diversification de son économie plus rapidement que prévu. Monsieur Poutine avait déjà compris que son pays ne doit plus dépendre de la manne pétrolière et gazière.
Le secteur agricole russe est le grand gagnant de ces années de sanctions européennes. Les médias occidentaux s’inclinent devant ce constat.
Les points forts de la période de l’ex-Union Soviétique se retrouvent renforcés. Mais je vais plus insister sur l’énergie. Gazprom a confirmé ses projets North Stream 2 et Turkish Stream malgré des retardements politiques et voient plus large en Chine et au Japon. Vous constatez qu’il est difficile de se passer de la solution russe sur l’importation de gaz naturel.
Là où j’envie la Russie est quec’est un pays riche en ressources naturelles et minières. Ce qui n’est pas le cas de la majorité des pays occidentaux. Mettre une barrière contre elle vous est défavorable pour votre vie quotidienne.
L’énergie reste un poids lourd sur l’économie russe. Mais on oublie de vous dire qu’elle produit également des biens industriels qui pèsent sur leur balance commerciale. L’article d’Olivier Berruyer « L’isolement de la Russie : La Russie ne produit rien » va vous permettre d’avoir une meilleure opinion de l’ensemble de l’économie russe.
Enfin, elle a gagné une bataille avec un renouement de sa croissance économique au dernier trimestre 2016 à 0,4 %.
La Russie, un arbitre de taille sur la scène internationale
Vous pensez que la Russie serait affaiblie sur la scène internationale avec ces coups de bambou. C’est tout le contraire qui s’est passé.
Malgré la crise ukrainienne, elle maintient une influence notable sur l’Union Européenne. Elle a même augmenté ses exportations de gaz naturel à destination de cette zone géographique. Mais l’événement qui l’a remis sur le devant de la scène international est le conflit en Syrie.
Visant sur le long terme, elle noue stratégiquement des accords commerciaux avec la Chine, l’Inde, l’Iran, le Japon et même secrètement avec l’Union Européenne. Elle pourrait également profiter du Brexit si l’axe Allemagne-France joue la ligne dure.
La Russie joue idéalement des deux cotes de la médaille. D’un part, son rapprochement avec la Chine n’est pas une surprise. Cela lui permettrait de profiter du projet de la Route de la Soie et des moyens financiers de la Banque asiatique d’infrastructure.
D’autre part, la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines a un peu changé la donne. L’un de ses bras droits, Rex Tillerson (ex-PDG d’Exxon Mobil), souhaite un apaisement des relations avec la Russie. Mais les derniers événements en Syrie empêchent d’aller dans cette voie.
Cependant, Donald Trump veut renforcer les capacités militaires américaines. Deuxième exportateur mondial d’armement, la Russie pourrait en bénéficier.
Maintenant, passons aux aspects qui vous intéressent en matière d’investissement en Bourse.
Un rouble qui retrouve du peps (AT à reconsidérer depuis)
Lorsque Donald Trump a remporté les élections présidentielles américaines, vous aviez assisté à un rallye haussier du dollar face à toutes des devises.
Sauf une, le rouble. Le revirement avait déjà commencé au début de l’année 2016. Sa victoire n’a pas fait que renforcer cette tendance. Je pense que la plupart d’entre vous n’ont même pas vu venir.
Pour que ce soit clair pour vous, la Russie renait de ses cendres sur le plan fondamental.
Tout d’abord, la hausse du prix du pétrole durant cette période l’a beaucoup aidé. Ce qui a pour effet d’améliorer sa balance commerciale. Nous, en France, on n’est même pas foutu d’être à peine dans le vert depuis la fin des années 1990.

Source Trading Economics
À défaut que leurs sanctions ne soient pas levées, les entreprises occidentales trouveront toujours un moyen de faire affaire dans ce pays.
Deuxièmement, l’inflation baisse depuis fin 2015 et se situe à 4,1 % en avril 2017. Ce qui permet de créer des marges de manœuvre pour la Banque Centrale de Russie au niveau de sa politique monétaire. Alors que la FED et la BCE en ont très peu à l’heure actuelle.

Source Trading Economics
Malgré une inflation à deux chiffres pendant 13 mois, la Russie a fait front au contraire du Venezuela.
Troisièmement, ses réserves de change se sont redressées même si elles ne sont pas au niveau post-crise ukrainienne.

Source Trading Economics
La Bourse russe bon marché
Investir sur la Bourse russe n’attire pas les foules. Les mauvais clichés restent présents. Pourtant, elle a des arguments à faire valoir même si ce n’est pas un long fleuve tranquille.
Soyez à la place des investisseurs institutionnels qui cherchent de la performance. Avouez-le que les marchés développés sont trop chers et les opportunités à bon compte se font rares. Certes, l’analyse technique est porteuse à la hausse.
Mais moi, personnellement, je me demande s’ils ont envie d’acheter chèrement des actions dans ces zones géographiques.
Ils ont raison d’avoir des doutes. La Fed a mis fin à sa politique monétaire accommodante et amorcé un cycle de hausse de taux modéré. La BCE va sûrement suivre la même voie avec une Allemagne qui se fait pressante. En plus, ils savent que les indices boursiers qui ont explosé à la hausse sont les zones géographiques qui ont fait marcher la planche à billets.
En fouillant un peu sur la blogosphère financière, les investisseurs institutionnels ont tendance à réfléchir en flux monétaires. Le dollar et l’euro sont en tête de gondole. Le rouble, quant à lui, n’est même pas dans l’ordre de priorité des devises de second rang.
Par exemple, un gérant français qui gère un fonds de pension européen avec un mandat d’être investi à 70 % en euro, 20 % en dollar et les 10 % restants dans d’autres devises. Il devra rendre des comptes en euro. Imaginez que le dollar baisse durablement contre l’euro, il devra racheter des actions en dollar pour respecter son mandat.
L’idée reçue que les investisseurs institutionnels pensent qu’une dévaluation monétaire s’avère profitable pour la compétitivité et les exportations, est une connerie. La vraie raison est de stabiliser une poche d’allocation à un pourcentage dans la devise en question.
Revenons à nos moutons sur le niveau de valorisation de la Bourse russe.
Son ratio cours/bénéfices (« Price/Prospective Earnings ») est largement en-dessous de 10. Pour lever vos doutes, vous avez une confirmation avec l’ETF VanEck Vectors Russia (RSX) en dollar.

Source Morningstar
Vous voyez le ratio cours/actif net (« Price/Book ») est inférieur à 1. Ce qui démontre qu’investir en actions russes n’était pas dans le viseur des investisseurs institutionnels. Mais cela ne signifiait pas mécaniquement que la Russie fût une poudrière.
L’autre bonne nouvelle qui devrait vous rassurer, c’est que l’indice phare russe, le MICEX est techniquement haussier en unités hebdomadaires.
Oui, ce n’est pas une plaisanterie. Les points bas sont de plus en plus hauts et s’appuient sur une ligne de tendance haussière. Les cours restent au-dessus du Kumo de l’Ichimoku bien que ce soit à la marge. Quant à la Chikou Span, le signal haussier est fort mais elle a du mal à rester au-dessus des cours. L’essentiel est quant même préservé parce qu’elle est au-dessus du Kumo.
La question dont vous avez raison de vous poser concerne la poursuite de la tendance haussière. Les cours semblent rebondir sur le dernier point contact sur la ligne de tendance haussière.
Comment investir en Russie sans prendre les pieds dans le tapis
Acheter des actions russes en direct sera une tâche difficile. La quasi-majorité des courtiers en ligne français ne vous le proposent pas. Cependant, j’ai trouvé deux alternatives qui pourraient éventuellement vous intéresser.
La première est d’acheter des actions russes cotées sur les places financières occidentales.
Si vous n’avez pas envie de prendre le bouillon sur des marchés exotiques, je vous suggère de privilégier la seconde alternative. Elle me semble la plus adéquate par rapport à votre gestion du risque.
Sans vous faire durer le suspense, ce sont les ETF ou des trackers. Pour jouer réellement la réplication de l’indice MICEX, ayez un œil sur celui que j’ai cité précédemment, VanEck Vectors Russia (NYSE : RSX).
La Russie : Un investissement d’avenir typiquement contrarien à ne pas sous-estimer
La Russie ne démérite pas face aux pays occidentaux. Elle possède des atouts que vous et moi ne soupçonnons pas. Son passé de l’ex-Union Soviétique l’handicape mais elle a su avancer ses pions. Évidemment à sa manière. Cela ressemble à plus à ce que fait la Chine.
Ce qui vous gêne le plus, c’est que l’État russe est présent dans le capital des entreprises cotées en Bourse. Cela peut entraîner de l’ingérence dans leur politique stratégique. À la différence de la France par exemple, son ratio dette publique/PIB est de 17,7 % en 2015. En cas de situation extrême, l’État russe aura les reins solides pour jouer la roue de secours. Par ailleurs, Vladimir Poutine a imposé des conditions de concurrence aux entreprises qui essayent de se reposer sur un avantage monopolistique.
Investir en Russie n’est pas quelque chose qui sort des sentiers battus. Je vous l’accorde. Si vous retenez les points positifs qui sont tangibles et crédibles, vous ne ferez pas une mauvaise affaire. De plus, vous pouvez le faire de manière passive avec les ETF. Cela vous permettra d’éviter de vous prendre la tête sur des actions russes qui vous semblent peu familières.
Voilà pour ce voyage économique, financier et géopolitique sur la Russie. Vous aurez peut-être un point de vue moins idéologique en lisant cet article. Vous comprendrez que ce n’est pas un pays qui se replie sur soi-même. La Coupe du Monde de football 2018 est une preuve d’ouverture. Vous comprendrez qu’il existe des opportunités d’investissement. Si vous souhaitez ajouter des remarques, n’hésitez pas à me les faire part. Je suis ouvert au débat.
Comme je ne suis pas seul à participer à cet événement inter-blog, vous pouvez faire un tour du monde en lisant avec curiosité, les articles des autres blogueurs boursiers :
- Patrick d’Investir à la Bourse : Les Pays-Bas, pays de naissance de la Bourse
- Ben de Bourse Ensemble : Les marchés américains : Pourquoi et comment les trader ?
- Nicolas d’Objectif 10 % : L’Inde, la meilleure opportunité de 2017 ?
- Michel de Trading Attitude : Bons plans pour boursicoter sur des marchés boursiers étrangers
- Sovanna d’Investir en Actions : Pourquoi investir en Russie pourrait être un investissement d’avenir en Bourse
- Alexandre de la Bourse à long terme : 4 solutions pour mettre du Brésil dans le compte titres
- Laurent de Vivre en Bourse : Japon : Les meilleures opportunités pour diversifier votre portefeuille
- Gaël de Zen Option : Investissement contrarien aux Philippines, n’écoutez pas les médias !
[Cet article constitue ma participation à un évènement inter-blog dédié à la Bourse. C’est Alexandre Déodat, du blog « La Bourse à long terme » qui en est l’organisateur et qui nous a invité à plancher sur « Chine, USA, Pays-Bas, Russie, Inde et Brésil : les meilleures opportunités pour diversifier votre portefeuille »]

Sovanna SEK est un investisseur de long terme passionné par la Bourse avec pour modèle, Warren Buffett. Il vous donne des conseils pratiques pour construire et gérer un portefeuille boursier rentable sur le long terme.
Sa philosophie d’investissement possède un côté pile ou face. Pile, il investit sur des actions de belle qualité à des prix raisonnables. Face, il est un défenseur de l’or pour se protéger contre l’inflation 2.0.