Pourquoi surpondérer les actifs réels ? Quelles classes d’actifs privilégier contre l’inflation ?

Pourquoi surponderer actifs réels durant la décennie 2020

Pour commencer, je vous annonce une mauvaise nouvelle. En effet, je serai moins actif ou voire très peu sur ma chaine YouTube. Il ne vous a pas échappé que ma dernière vidéo date depuis un bon moment, plus précisément en janvier 2022. Au point je me demande même si je vais cesser la production de contenu vidéo. Car justement, je voudrais me focaliser sur un nouveau projet, qui pour le moment, reste secret. Par ailleurs, mes diverses tâches de rédacteur freelance pour des médias spécialisés sur les cryptomonnaies et la Bourse, m’obligent à revoir mon organisation et mes priorités.

Maintenant, revenons à nos moutons en parlant de l’inflation qui nous emmerde depuis un bon moment. J’étais l’un des rares à le signaler depuis bien longtemps, plus précisément en avril 2019. Tôt ou tard, une période déflationniste (ou peu inflationniste) allait laisser la place à une période inflationniste, et ce, malgré le vieillissement de la population et l’innovation technologique.

Face à ce nouveau environnement de marché qu’il faudra vous habituer, je vous explique pourquoi vous devez surpondérer les actifs réels, puis quelles sont les meilleures classes d’actifs à détenir. D’autant que vous devez vous faire à l’idée que l’ère du FOMO (Fear Of Missing Out) est révolu.

Le mauvais diagnostic des banques centrales

Les banques centrales se sont lourdement trompées en pensant que l’inflation était transitoire. Maintenant, elles courent après au point que leurs mesures sont pour l’instant inefficaces. Car contrairement en 2008, c’est un problème d’offre lié à un sous-investissement sur des points clés de la chaine de production. Sur le le pétrole, c’est le raffinage qui questionne. Quant au gaz et plus particulièrement le GNL (Gaz Naturel Liquéfié), les capacités de stockage seraient loin d’être optimum.

Anticipations inflation États-Unis - 09 août 2022

Ce qui est sûr, c’est que l’inflation va nous emmerder pendant un bon moment. Je dirais même plus qu’elle va s’enliser au cours de la décennie 2020. Ne mettons pas naïvement en cause le conflit russo-ukrainien qui responsable de tous les maux actuels. En réalité, il ne fait que de participer à l’accélération de cette tendance séculaire.

Il est plus ou moins surprenant que les banques centrales ne soulignent pas le rôle de la Chine sur l’inflation. Non seulement, c’est grâce à elle que nous avons bénéficié d’un environnement peu inflationniste tout au long de la décennie 2010. Mais maintenant qu’elle n’est plus l’usine du monde en raison de la délocalisation de son industrie bas de gamme vers les pays du sud-est asiatique, le changement du modèle économique de l’Empire du Milieu en faveur de la demande interne et d’une industrie de haut gamme, risquerait d’entretenir les pressions inflationnistes dans les pays occidentaux. Peut-être pas aux niveaux actuels, mais entre 3 et 6 % en moyenne avec des pics temporaires en prime.

Étant donné que la FED ne semble pas prête à stopper son resserrement monétaire compte tenu du niveau de l’inflation aux États-Unis, je ne pense pas que nous assisterions à un buy the dip en V comme en mars 2020. D’autant que sa priorité reste la lutte contre l’inflation, même si elle donne le sentiment d’être derrière la courbe. Et qui dit lutte contre l’inflation signifie entre les lignes, la fin de le liquidité abondante sur les marchés financiers.

Une baisse de l’inflation qui reste conditionnée

Si nous voulons que les pressions inflationnistes se calment, il faudrait une récession pour tasser la demande. Par contre, la récession qui pourrait pointer le bout de son nez, risquerait de ne pas résoudre le problème d’offre. Par exemple, cela ne va pas inciter les producteurs de matières premières à investir dans de nouvelles capacités de production. Et en fin de compte, la FED est prise dans l’étau. Sans parler de la BCE qui fait face à un véritable dilemme dans une zone monétaire non optimale.

Personnellement, le bon sens laisserait présager que la stagflation l’emporterait. Sachez que ce scénario n’est pas même pricé par le marché. Néanmoins, j’aurais dû mal à revoir un remake des années 1970. Mon scénario central serait plutôt un mixte des années 1940 et 1970. Premièrement, les États sont lourdement endettés. Deuxièmement, les tensions géopolitiques sur les points chauds de l’approvisionnement des matières premières vont malheureusement entretenir les pressions inflationnistes. Et dernièrement, je vois mal les taux obligataires remonter à des niveaux stratosphériques au risque de mettre à sec les services de la fonction publique.

En conséquence, il serait temps de réorienter progressivement votre portefeuille dans un environnement inflationniste qui va donc perdurer pendant un bon moment.

Les classes d’actifs idéales en période d’inflation

Ce qui avait marché en Bourse durant les années 2010 ne fonctionnerait plus dans les années 2020. En mouillant ma chemise, la FED n’a plus la possibilité de venir au secours des marchés financiers au risque d’alimenter les pressions inflationnistes. En tout cas, faire un QE comme les précédentes appartient au passé.

Alors que faire pour vous protéger efficacement contre l’inflation ? Eh bien, il serait judicieux de surpondérer les actifs réels contre les actifs papiers. Pourquoi pas une allocation de type 50/50 ou 55 % actifs réels et 45 % actifs papiers.

Matières premières et REIT immobiliers en première ligne

Dans les actifs réels, vous avez naturellement les matières premières et les REIT immobiliers. Dans les matières premières, je suis investi dans le pétrole et gaz, l’or, l’argent métal, et les métaux qui vont profiter de la transition énergétique.

Concernant les REIT immobiliers, la sélectivité est de mise. L’inflation galopante pourrait gréver la consommation de biens discrétionnaires. Fort de ce constat, j’éviterais les REIT de centres commerciaux. Une fois que les effets de l’inflation vont se diffuser dans le temps, peut-être qu’il faudra s’y intéresser de nouveau.

Pour ma part, je privilégierais les REIT d’infrastructure comme American Tower (NYSE : AMT), Crown Castle International (NYSE : CCI), et de bureau malgré le télétravail. Mais l’une des catégories de REIT qui est susceptible de mieux performer au cours de la décennie actuelle viendrait de logistique et des entrepôts. En plus de surfer sur le commerce en ligne, leurs contrats de location ne sont assujettis à une réglementation d’indexation à l’inflation. Parmi eux, vous avez Stag Industrial (NYSE : STAG), Prologis (NYSE : PLD), CubeSmart (NYSE : CUBE) aux Etats-Unis, Argan (XPAR : ARG) et Warehouse de Pauw (XBRU : WDPP) en Europe.

Même si le scandale Orpéa (XPAR : ORP) a mis de l’huile sous le feu, je suis plutôt positif sur les REIT de santé. Les besoins vont être considérables compte tenu du vieillissement de la population. Aux États-Unis, évitez les maisons de retraite qui sont en surcapacité au contraire de l’Europe où vous avez Aedifica (XBRU : AED) en Belgique. Moi à titre personnel, je pencherais pour les MOB (Medical Office Building), c’est-à-dire les hôpitaux, les laboratoire de recherches et les cabinets médicaux. Malheureusement, vous les trouverez sur le sol américain comme Medical Properties (NYSE : MPW), Healthcare Realty Trust (NYSE : HR), Community Healthcare Trust (NYSE : CHCT).

Les secteurs défensifs, le pricing power et les actions à haut rendement

Sur la partie actions, la rotation en faveur de la value me semblerait inévitable dans la mesure où l’inflation aurait de fortes chances de se maintenir au delà d’une moyenne à 2 % pendant la décennie 2020. Et je n’ai aucun doute là dessus. Bon nombre d’investisseurs de la génération FOMO risqueraient de voir leur égo prendre un sérieux coup de massue.

En conséquence, l’écart de performances entre les actions value et les actions de croissance va se réduire. Je privilégierais les secteurs défensifs comme la consommation non cyclique (agroalimentaire, grande distribution, produits ménagers et d’hygiène), les utilities sous certaines conditions, et surtout la santé (pas de folie furieuse sur les biotech).

Et si je devais cibler des thématiques, il y aurait le pricing power et le haut rendement. La première reste conditionnée par la résolution de la chaîne d’approvisionnement. Quant à la seconde, elle pourrait prendre de la valeur au feu et à fur que l’environnement inflationniste va s’enliser tout au long de la décennie 2020. Dans ce cas, les investisseurs les plus avisés adopteraient éventuellement une stratégie vieille école basée sur le dividende.

Gare à ne pas faire de parallèle avec la passé ! Quid des cryptomonnaies en période d’inflation

Et si on se fie aux performances boursières des années 1970 aux Etats-Unis, j’éviterais de faire un parallèle future pour la décennie 2020. Pourquoi ? Parce que la technologie s’est nettement améliorée. Parce que la Chine n’est pas l’URSS pour contester la suprématie de l’Oncle Sam. Elle tirerait sûrement les bénéfices du conflit russo-ukrainien tout en retenant les erreurs à ne pas faire. D’ailleurs, vous remarquerez que le yuan se tient curieusement bien face au dollar malgré une baisse récente. Ce qui permet de maintenir plus ou moins les pressions inflationnistes aux États-Unis. Un yuan fort traduit la volonté d’un changement de modèle économique. D’autant plus que la Chine n’est plus l’usine du monde. Dans mes rêves illusoires, elle pourrait se servir pacifiquement de Taïwan, bastion mondiale des semi-conducteurs, pour monter en gamme son industrie.

Enfin, au sujet des cryptomonnaies, elles demeurent une inconnue en période d’inflation en raison de son faible historique de track record. Jusqu’à preuve du contraire, leur corrélation avec les indices actions les cataloguent comme classes d’actifs risquées. Des personnes bien réfléchies ont la conviction que leur statut pourrait changer au fur et à mesure que l’inflation va s’installer. Mais pour l’heure, attendons la fin de leur marché baissier qui mènerait vers une consolidation sèche de l’industrie. À partir de ce moment critique, nous aurons le cœur net.